Petite archéologie contemporaine.
Création collective, à l'occasion du chantier de la Bibliothèque Municipale à Vocation Régionale Alcazar, avec les enfants et les enseignants de l'école maternelle Parmentier. Confrontés à un grand trou dans leur quartier les enfants et leurs professeurs vont observer la transformation des repères, le chantier des fouilles, puis bâtie sur l’enfoui la construction de la future bibliothèque, Alcazar la maison des livres dans le quartier Belsunce à Marseille. Entre deux, avant que ne soit coulée la première chape, sous l’emplacement de la grande grue ils enterreront leur secret, leur trésor. Dessus Dessous, la mesure et la démesure avec la complicité des archéologues, des maçons, des parents et des aides maternelles, de La compagnie à proximité du chantier et de l’école pour deux expositions en juin 2000 et 2001. Le chantier se modifie, il grandit au rythme des enfants. Nous inventons des outils de mesure et de repères, des superpositions mouvantes, filmées et commentées en classe. Au retour c'est la lecture et le souvenir des images qui créent le texte, le dessin, commentaire individuel et collectif. Des mots jaillissent repris répétés plusieurs fois, puis un nouveau mot et le texte reprend et se construit, de table en table une effervescence jusqu'au silence comme une ponctuation, un souffle avant la récréation. Des notes pour plus tard. Plus tard ils écriront avec des "lettres attachées". Le château des livres. Alcazar le mot est d'origine arabe al' kasr le château, la forteresse.
Dans les murs des maisons anciennes qui dépassent un peu --- de l'eau qui coule et des pierres --- et du feu et des fourmis et des racines qui ressortent dans les murs. Un grand trou --- des arché-o-logues ont costruit un grand trou ---- je l'ai vu ---- les yeux de pierre de la tête qui fait peur --- dans les murs des maisons anciennes dépassent un peu on le voit
Quand les maisons sont tombées je croyais que c'était un tremblement de terre terre J'habite ici tu as vu ma maison. Ils ont enlevé
le mur derrière.
On voit toutes les traces. A côté des gens il y a des gens qui habitent encore. Je l'ai vu l'autre jour à côté du chantier. On voit toutes les traces sur le mur. J'ai une tapisserie avec des chevaux bleus. Quand les maisons sont tombées.
Ils creusaient des pierres ---- C'est des choses dans les trous et ils les rangent et puis tu vois une échelle dans le chantier. Quand il pleut ils arrêtent. Toujours quand il pleut ils attendent.
C'est profond ----- Non Grand ------ C'est grand Grand et de l'eau de l'eau qui coule.
C'était avant dans la baignoire de pierre. Avant la cheminée du hammam. Avant dans très longtemps.
La porte rouge rouge devant la rue des convalescents à l'école il y a deux portes. La porte de Colette qui garde l'école. Rue du tapis vert - rue des Petites maries - rue Francis de Pressensé - rue Nationale - rue Longue des capucins - rue du Poids de la farine - rue Bernard du bois - rue des Dominicaines - rue du Baignoir - rue du gymnase - rue du coq - rue de la gare - la rue de Sirine collée au trou du chantier - la porte de Walid - la rue de la classe des moyens avec Dominique - la rue du Baignoir ce n'est pas la baignoire.
Après l'école tu tournes sur le trottoir. Après le parking. C'est là. Ils remettent la terre - Non - Oui oui - Je n'sais pas pas.
Ils ont remis la terre. Dessous on a mis le trésor. Dessous à côté de la grande grue. Caché. Avec les maçons. Medjouline a voulu manger le terre ancienne. Non goûter le goût. Et la danse on a dansé pour fermer le trou. Personne ne peut le voir.
Dessus on va construire la bibliothèque après.
On creuse on creuse et après on cherche
Les maçons de la bibliothèque à la place des maçons archéologues. Un premier maçon. Des nouvelles grues. Plus grandes.
Par la fenêtre on voit la grue elle bouge. Elle bouge et elle tourne. Elle tourne et elle passe dans la fenêtre de l'école. Elle tourne. Quand je sors avec mon père je la vois. Je vois les planches les ponts des barres qui tiennent les maisons. Quand on voit le bout de la rue. Quand on voit la grande grue dessous il y a notre trésor. On ne le voit pas je le sais mais je dis.
J'ai vu du fer du béton en pierre. Des cordes. J'ai vu. Ils montent sur l'échafaudage ils sont plus petits. Trop petits dans le chantier. Comme en jouets.
Si je monte sur le toit j'ai le vertige moi. Je ne sais pas si les maçons ont le vertige. Ils ont. Non.
Qu'est ce qu'on fait? Tu joues. Tu veux jouer au thé. Après c'est moi. Tu poses les livres sur la table. Tu parles pas fort. Pas très fort. On apprend la lecture. Oui Chut. J'ai cinq ans bientôt c'est mon anniversaire. On fera un gâteau.
On a mesuré avec le bras. On a mesuré le dos. Le pied de l'arbre. La table de la classe. Areski le bras avec le tissu. Aussi l'arbre. On a mesuré le livre avec la main et le parapluie fermé. La corde rouge.
Tu ne peux pas mesurer la grue de la bibliothèque.
La grille en bas tu vois le maçon il mesure le trou avec notre tissu. Pour passer dans la grille c'est attaché au dessus. On a mesuré le pied de Janine personne ne peut entrer dans le chantier de la bibliothèque. Elle est plus grande que l'école. Trop grande. Plus haut.
Rosa mesure le bras avec le tissu. Les bras de la classe. De la cour. De la cour en large. On a mesuré la rue de l'école avec le tissu et les jambes. Les pas. Bernard tient le tissu à chaque fois pour avancer.
la mesure de l'ombre. La mesure du fil cerceau
Ça ressemble à une maison très grande de livres mais tu ne dors pas le soir. Une pyramide.------ Un bateau. ------ Une bibliothèque
Tu vois tout le chantier mais on entre pas encore. Sur le côté c'est un peu ouvert. Tu ne vois pas tout. C'est grand comme des étages. Des étages avec des ascenseurs de chantier. Je reconnais la rue c'est la rue avec la tête de lion sur la porte de sa maison. Sur le trottoir il y a la plaque pour le téléphone en dessous
En haut tu pourrais voir. Si tu voyais la mer tu pourrais voir les bateaux.
Il y aura plusieurs portes pour rentrer. Il y a toujours des garages et des escaliers.
Après tu lis toute la lecture Plus tard on écrira avec des lettres attachées
Après c'est fini mais c'est pas encore fini le chantier
Une ré - édition en 2007 isbn 978-2-917270-00-4
document vidéo
Quand on filme c'est un outil c’est pour revoir le chantier dans l’école et ré-entendre. Dans la classe on re-regarde suite à chaque dernière sortie. Pour suivre les fouilles puis le chantier . Les commentaires le croisement des nouvelles paroles aussi les premières mémoires les rires et les différentes projections un peu seront notés pour former notre journal. Chaque fin de trimestre les enfants des autres classes invités forment le premier public.